Homme d'affaires pensif dans un cafe parisien

Banques en danger en France : lesquelles sont concernées par la fragilité ?

16 décembre 2025

En 2023, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution a placé sous surveillance renforcée plusieurs banques françaises, dont quatre réseaux mutualistes de premier plan. Certaines filiales hexagonales de groupes étrangers affichent un ratio de fonds propres à peine supérieur au seuil minimal exigé par Bâle III. Les alertes de la Banque centrale européenne ciblent aussi des établissements cotés du CAC 40, malgré leur communication rassurante. Les signaux faibles s’accumulent dans un contexte de taux élevés et de dépréciation d’actifs immobiliers.

Banques françaises : un secteur sous tension face aux risques économiques

Le secteur bancaire français traverse une période de secousses sans précédent. Les principaux établissements, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel, La Banque Postale, pèsent de tout leur poids sur l’équilibre financier du pays. Leur bilan cumulé frôle trois fois le PIB national. Cela impose une vigilance de tous les instants : l’ACPR multiplie les vérifications, la BCE renforce ses stress tests et la Banque de France surveille sans relâche l’exposition aux risques majeurs, immobilier commercial en crise, défauts d’entreprises, tensions géopolitiques, défis climatiques, menaces cyber.

La réglementation Bâle III élève la barre : toute banque doit présenter un ratio de solvabilité d’au moins 10,5 %, voire jusqu’à 18 % pour les profils jugés risqués. À la fin 2024, les géants français affichent des ratios CET1 entre 12,9 % et 18,8 %. Crédit Mutuel et Crédit Agricole se démarquent par leurs réserves solides. BNP Paribas et Société Générale restent au-dessus du seuil, malgré des alertes et quelques dégradations par AlphaValue.

Voici les facteurs récents qui bousculent l’environnement bancaire français :

  • La crise politique de 2025 a fait grimper la pression sur la dette de l’État, impactant la valorisation et la note des banques françaises selon Standard & Poor’s et Moody’s.
  • La BCE et l’ABE multiplient les simulations de crise afin de jauger la résistance du secteur à un éventuel risque systémique.
  • Les exigences de Bâle IV, prévues pour 2027, viendront encore resserrer le filet réglementaire.

La réalité sur le terrain, c’est la hausse des incidents de paiement, la perte de valeur dans l’immobilier détenu et la montée des créances douteuses sur les prêts aux entreprises. L’ACPR et la Banque de France renforcent la surveillance, soucieuses d’éviter tout emballement qui contaminerait l’économie réelle.

Quels signaux révèlent la fragilité de certaines banques en France ?

Les inquiétudes autour des banques françaises s’appuient sur des indicateurs précis, surveillés de près par marchés et autorités. Premier thermomètre : le ratio CET1, qui mesure la capacité des banques à absorber les chocs. À la fin 2024, il varie de 12,9 % à 18,8 % chez les grands noms. Crédit Mutuel et Crédit Agricole caracolent en tête, tandis que BNP Paribas et Société Générale restent sur la limite basse, mais respectent les règles de Bâle III.

Derrière ces chiffres, les agences de notation, Standard & Poor’s, Moody’s, ont récemment revu à la baisse la note de certains acteurs. AlphaValue a ainsi rétrogradé BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale. Résultat, le coût du financement grimpe et la volatilité des actions s’accentue.

Un autre indicateur attire l’attention : le ratio LCR (Liquidity Coverage Ratio). Il doit dépasser 100 %, signe que la banque peut faire face à une crise de liquidité brève. Les grandes enseignes françaises tiennent encore ce seuil, mais la nervosité des marchés de la dette, accentuée par la crise politique de 2025, ne laisse aucun répit.

Du côté de la protection des épargnants, plusieurs dispositifs jouent leur rôle :

  • Le FGDR couvre les dépôts à hauteur de 100 000 € par client et par établissement : un filet de sécurité pour les particuliers.
  • La Banque Postale bénéficie d’une garantie de l’État, situation atypique dans le paysage français.

Mais la fragilité d’une banque ne se lit pas qu’à travers ses ratios : l’exposition à la dette de l’État, la qualité des portefeuilles de crédit, la confiance des marchés et la solidité globale de la maison jouent tout autant.

Panorama des établissements les plus exposés aujourd’hui

Les principaux établissements bancaires français font face à de multiples défis. Les six leaders, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel et La Banque Postale, détiennent à eux seuls des actifs équivalents à près de trois fois le PIB national. Leur influence systémique, leur présence sur les marchés et leur exposition à de multiples risques (immobilier, défauts d’entreprises, transition climatique) les placent sous la surveillance constante de la BCE et de l’ACPR.

Trois groupes retiennent particulièrement l’attention ces derniers mois. BNP Paribas et Crédit Agricole sont classées banques systémiques mondiales (G-SIB Bucket 2), ce qui les oblige à détenir des réserves accrues. Société Générale a vu sa note abaissée en 2025 par Standard & Poor’s et Moody’s. Leur exposition à la dette de l’État français, fragilisée par la récente crise politique, les rend sensibles aux soubresauts des marchés.

Du côté des banques en ligne, BoursoBank, Fortuneo, Monabanq, Hello bank!, la garantie du FGDR s’applique. Les clients y bénéficient d’une protection identique à celle des grands réseaux. Pour les néobanques comme Nickel, Lydia, Green-Got, Helios, Qonto ou Shine, l’étendue de la garantie dépend du statut et du pays d’agrément : FGDR pour certaines, système européen (SGD) pour d’autres.

L’écosystème bancaire se transforme : alliances entre groupes historiques et acteurs digitaux, multiplication des interconnexions. BNP Paribas héberge Nickel et Lydia ; Crédit Mutuel Arkéa accueille Green-Got et Helios ; la maison mère Qonto reste solide. Mais la prudence est de rigueur : la garantie des dépôts ne couvre ni les aléas de la Bourse, ni les pertes sur produits structurés, ni les risques d’un secteur trop concentré.

Jeune femme regardant son smartphone devant une banque

Comment les clients peuvent-ils protéger leur épargne en période d’incertitude bancaire ?

Lorsque la stabilité des banques vacille, la première ligne de défense pour l’épargne s’appuie sur la bonne compréhension des mécanismes de garantie. Le FGDR (fonds de garantie des dépôts et de résolution) couvre jusqu’à 100 000 € par client et par banque, sans distinction du type de compte (courant, livret bancaire non réglementé, compte à terme). Pour bénéficier d’une couverture supplémentaire, il suffit de répartir ses avoirs entre plusieurs enseignes.

Les contrats d’assurance vie relèvent du FGAP (fonds de garantie des assurances de personnes), qui offre une protection différente à hauteur de 70 000 € par assuré et par compagnie. À noter aussi : toutes les banques en ligne françaises adhèrent au FGDR. Quant aux néobanques européennes, leur régime de garantie dépend de leur agrément, FGDR ou système équivalent dans leur pays d’origine (SGD).

Pour les épargnants en quête de sécurité maximale, certains produits offrent une protection totale : les livrets réglementés comme le Livret A, le LDDS ou le LEP sont couverts à 100 % par l’État. Ces fonds, centralisés à la Caisse des dépôts et consignations, sont à privilégier pour la part la plus sécurisée du patrimoine.

Quelques réflexes concrets permettent de limiter les risques :

  • Répartir les dépôts dans plusieurs banques afin de bénéficier pleinement du plafond de garantie FGDR.
  • Contrôler le statut de la banque ou de la néobanque pour savoir à quel dispositif de garantie elle est rattachée.
  • Placer l’épargne de précaution sur des livrets réglementés, à l’abri des faillites bancaires.

La prudence est de mise face aux placements complexes ou non garantis : les titres, parts de fonds ou contrats en unités de compte ne sont pas couverts par le FGDR. Pour ces supports, la robustesse de la banque ou de l’assureur, ainsi que la qualité des actifs sous-jacents, sont les seuls vrais remparts.

Dans un paysage où les certitudes vacillent, l’agilité et l’information deviennent les meilleurs alliés de l’épargnant. Anticiper, diversifier, vérifier : la sécurité financière se construit désormais au quotidien, loin des automatismes d’hier.

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